La bande perdue… où comment montrer que Michel Chion a quelquefois tort ?

Il avait cette bande dans mes archives, qui contrairement à mes habitudes, ne comportait aucune mention de la localisation géographique de l’enregistrement qu’elle contient.
Juste une date, assez vague, elle-aussi, 07/2002.

Je repère à l’écoute plusieurs séquences assez distinctes sur la bande dont une unité de temps et de lieu d’environ 6mn… sincèrement, ce que j’ai fait en juillet 2002… ben… j’ai un peu de mal à m’en souvenir pécisément … alors un repérage de 6mn..

Et, puis à l’écoute, le lieu qui semblait à la première écoute banal et complètement impossible à identifier, se dessine : un bruit blanc en fond légèrement à droite, des voix d’enfants au loin, tout droit, réverbérées, des chants d’oiseaux très forts qui semblent indiquer que l’on se trouve dans un bois mais par expérience, je sens que ce sont des chants du matin, une voiture qui apparait et semble effectuer un arc de cercle (Venant du côté gauche légèrement derrière puis se déplace vers le centre droit, devant) puis changer de régime (Le moteur passe dans l’infra grave) - elle monte certainement une côte, des portes qui claquent, un corbeau qui passe et crie - son cri étant prolongé par un écho sur la gauche, des points fixes que sont les chants d’oiseaux plus lointains, qui donnent des limites audibles au paysage sonore selon la reverberation dont ils bénéficient, des voix encore, plus proches, et le son caractéristique du bouchon d’une ligne de canne à pêche qui tombe dans l’eau…

Voiture, oiseaux, echo...
Voiture, oiseaux, echo…

Le lieu apparait alors clairement : je suis dans le bois, près des vestiges féodaux en-dessous du village du Dognon, à quelques mètres du pont-du-Dognon et du Taurion : j’avais entendu juste… les enfants sont au camping en face, le bruit blanc c’est la centrale à 200m environ, la route repart bien en une côte après le virage, les cris du corbeau se répercutent sur les bords escarpés de la vallée.

J’ai bien pu identifier ce lieu par le son et la mémoire sonore, parce que l’enregistrement avait permis de fixer les caractéristiques acoustique du lieu… le paysage sonore.

Je me souviens avoir été déçu à la lecture de l’un des chapitres du livre “Le promeneur ecoutant” de Michel Chion par le fait que l’auteur, sans doute sur le coup de la colère (?) contre les partisants (Dont RM. Schafer) du mouvement Acoustic Ecology, affirme plus ou moins (Dès que je remets la main sur le livre, je reviens sur cela) que la notion de paysage sonore, qui pour ce mouvement vise à prétendre qu’une unicité et un particularisme existent, n’est qu’une vaste fumisterie.
A le lire il semblerait idiot de prétendre qu’un paysage sonore est unique, et est donc reconnaissable à l’oreille ; pour cela il cite (et moi là je cite de mémoire) l’exemple d’une rue et des voitures qui y passent, comme un exemble banal ne disposant pas des caractéristiques en permettant l’identification et la distinction avec une autre rue, au niveau sonore

Le paysage sonore que je propose est, sur le fond, d’une banalité totale et, à la première écoute pourrait servir d’appui à la thèse de Michel Chion… et pourtant, avec un peu d’oreille…

 
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